Phénomène moderne ou malédiction centenaire ? Chicadine vous apporte la réponse !
Quand je me promène dans les musées, je n’admire presque jamais l’art autant que je pose des questions un peu bêtes comme: « Est-ce que Mona Lisa faisait des masques anti-acné ? », « Pourquoi n’y a-t-il pas de peintures ou de statues avec des poils sous les aisselles ? ». En fait je pense assez souvent aux habitudes des uns et des autres dans la salle de bain.
Quand je vois de vieilles peintures ou des photos de jeunes femmes au teint clair et à la peau éclatante, je troquerai bien Twitter et la pénicilline contre un monde sans acné.
Mais est-ce que ce monde a bel et bien existé un jour ? J’ai été fouillé dans les livres d’histoire pour vous apporter la réponse.
L’acné n’est pas nouveau
La plupart des gens se trompent en pensant que l’acné a éclaté après la révolution industrielle. Il semble facile de blâmer les yaourts, les cheeseburgers, les produits chimiques agressifs ou les cosmétiques modernes. La vérité est que l’acné n’est pas nouveau, et n’est pas apparu avec la société « moderne ».
Selon le chimiste cosmétique Mark Broussard, « l’acné est de nature génétique. Les personnes qui souffrent d’acné surproduisent des hormones androgènes qui provoquent une surproduction de sébum. L’excès de sébum rend les cellules de la peau collantes. Ces dernières recouvrent les follicules pileux et les empêche de sortir, formant un bouchon de cellules mortes, piégeant les bactéries à l’intérieur du follicule pileux ».
Et ça donne des boutons ! Mais ça vous le saviez déjà.
Il y a quelques études fondamentales sur l’acné qui sont souvent mal interprétées, où un groupe de personnes autochtones provenant de petites populations isolées sont sensées représenter nos ancêtres pré-industriels.
Une étude de 2002 (en anglais) a été consacrée aux Kitavans en Papouasie-Nouvelle-Guinée et aux Achés du Paraguay. Les chercheurs ont constaté que les deux communautés ne montraient aucun signe d’acné. Cette étude a été interprétée par certains comme la preuve que les personnes qui ne participent pas au « monde industriel » n’ont pas d’acné. Mais en réalité, tout indique que ces deux populations sont des anomalies extrêmes.
Une étude plus récente, publiée dans un article intitulé Les défauts de la société moderne, est parvenue à une conclusion très différente. Les chercheurs ont étudié la prévalence de l’acné dans une communauté isolée au Mali. Ils ont émis l’hypothèse d’une faible prévalence et sévérité de l’acné chez les Dogon « en raison de leur mode de vie traditionnel et de l’absence de nourriture fast-foods dans leur régime alimentaire ».
L’acné pourrait remonter aux temps bibliques
Si on s’y intéresse de plus près, on se rend compte que l’acné a été décrite il y a très longtemps. Par exemple, certains chercheurs pensent que la marque de Caïn, la brûlure du visage sur le garçon de la Genèse qui a commis le premier assassinat, pourrait en fait être de l’acné rosacée.
Dans le papyrus Ebers, un texte médical égyptien datant de 1550, L’auteur propose le soufre comme solution de nettoyage de la peau pour « aku-t », qui se traduit par « des furoncles, des plaies ou des pustules ». Or, Le soufre est un traitement utilisé encore aujourd’hui dans les produits haut de gamme de l’acné.
Billy le Barde (personnage de Shakespeare) parle également de l’acné dans Henry V. Fluellen, en parlant de Bardolph, il dit : « son visage est plein de bulles, pommes et flammes ‘O feu … »
Dans la France du XVIIIe siècle, l’acné était assez courante pour que la dissimulation de taches fasse naître la tendance des « mouches », petites plaques ornementales utilisées pour couvrir les taches de la peau.
Une compréhension moderne de l’acné
Au XIXe siècle, deux médecins, Willan et Bateman, considérés comme les ancêtres de la dermatologie, parviennent au consensus populaire selon lequel l’acné n’est pas une condamnation divine, mais un produit de glandes sébacées (comme l’a dit plus tôt le chimiste cosmétique !). Au XXe siècle, on estime que l’acné affecte 85% des personnes entre 12 et 24 ans. Chez les adultes, les études cliniques indiquent un taux entre 40% et 55%, mais il s’agit plus souvent d’irritation que de boutons bourgeonnant !
Bon pour finir sur une note plus légère, quand nos arrière-petits-enfants de l’ère post-industrielle regarderons nos collections de photos entièrement numériques et financées par un don généreux d’Instagram, j’espère qu’ils verront nos portraits criblés d’acné et penserons : « nos ancêtres prenez beaucoup de photos d’eux-mêmes, et Dieu merci, je ne suis pas le seul dans l’histoire avec des boutons. »